Incontournable

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La chambre de parade d’un amateur d’art italien

Laissez-vous éblouir par l’aménagement et les décors raffinés de la chambre dite de "l'évêque", véritable point d’orgue de la visite du château. Ouverture prévue en 2023

explorons en détails

Une très rare chambre de parade

Au second étage du pavillon sud-est, le château de Carrouges recèle une petite merveille : l’un des rares décors subsistant de la première moitié du XVIIe siècle conservé en France. Orné de boiseries sculptées et de plafonds à compartiments peints, cet exceptionnel appartement conçu comme une œuvre d’art a été commandé en 1648 par Jacques Le Veneur à l’architecte Maurice Gabriel et au menuisier sculpteur François Albot

Désignée sous le nom de « chambre de Lisieux », en référence au cardinal Jean Le Veneur (1473-1543), évêque de Lisieux, ou plus fréquemment comme « chambre du plafond » en raison de l’importance de son décor de qualité similaire à ceux des châteaux d’Oiron (Deux-Sèvres), de Cormatin (Saône-et-Loire) ou de l’hôtel de Lauzun (Paris), elle prit tardivement le nom de « chambre des évêques ». Elle était en fait la chambre de parade du comte de Carrouges. 

Précédée d’une antichambre et flanquée d’un petit oratoire au riche plafond à caissons et aux lambris ornés de motifs sculptés et de peintures mais aussi d’un cabinet doré accueillant objets rares, curieux et précieux, elle était encore en place dans son intégralité au milieu du XIXe siècle avant d’être malheureusement déposée pour consolider les charpentes dans les années 1950. 

Détail d'une boiserie peinte de la chambre de l'évêque du château de Carrouges

©CMN - François Montambault

L'histoire d'une redécouverte

Dans le cadre du plan de France Relance, la campagne de restauration menée en 2022-2023 a permis de restituer le mobilier, l’atmosphère et tout le raffinement de ces décors où se combinent inspiration classique et tentation baroque. Jacques Le Veneur était un véritable amateur d’art et d’Italie. 

Les inventaires témoignent de la magnificence de sa demeure : meubles, vaisselle d’argent, objets et surtout tableaux. 
La galerie (actuelle salle de fêtes) est celle d’un collectionneur éclairé qui a passé commande à des peintres italiens de renom comme Guido Reni (une version de son Apollon écorchant Marsyas conservée à Carrouges a retrouvé sa place au-dessus de la cheminée de la chambre), le Guerchin, et surtout l’Albane dont il est le parrain du second fils. 
Pour Carrouges, il lui commande trois tableaux d’une qualité exceptionnelle: Cybèle et les Saisons ; Apollon et Mercure et Neptune et Amphitrite

Les deux premiers entrèrent ensuite dans la collection d’André Le Nôtre, roi des jardiniers et jardinier du roi, qui les donna à Louis XIV en 1693. Restant dans les collections royales jusqu’à la Révolution, ils passèrent ensuite au Musée du Louvre avant d’être déposés au château de Fontainebleau où ils sont toujours conservés.

C’est ce cycle de peintures qui a en partie inspiré les décors de la chambre de parade du comte de Carrouges.

Château de Carrouges, chambre de l'évêque en cours de restauration

© Alain Lonchampt - Centre des monuments nationaux

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